À P R O P O S
En 2000, j’ai la sensation d’aborder un virage et désire marquer à ma manière ce passage du millénaire. Je donne naissance aux Anthropiques, ces silhouettes observatrices du temps qui coule, à l’expression primitive et justement à contre-courant, des créatures venues d’ailleurs, des fétiches qui montent la garde aux portes de l’actualité, évoquant les réminiscences des rites, des valeurs et des symboles anciens. Je peins en toute urgence, presque frénétiquement. Une toile à peine finie en appelle une autre en cascade, comme issue d’une source intarissable. Le téléphone à la main, je peins, je passe commande pour du nouveau matériel, je charge la voiture, reviens à l’atelier, il me faut dire et faire encore. Ces géantes me hantent jour et nuit, alors qu’à l’extérieur le monde ne parle que d’informatique, de haute technologie…
Dans le silence de l’atelier se forme une tribu de déesses atemporelles et pourtant tellement actuelles ! Magiciennes colossales, elles règnent et je les regarde, au-delà de mon pouvoir, elles m’invitent au voyage, au mystère de l’existence, au geste primaire, instinctif, chargé d’émotions incontournables. Elles sont révélation et interrogation.
J’enchaîne avec la série des Masques et des Totems… Comme en 1985, des voies primitives et ancestrales guident ma main